L'Algérie après la présidentielle: un pays verrouillé jusqu'à quand ?
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Sa victoire n’a étonné personne, mais son score pharaonique pose question. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, a été réélu samedi dernier avec près de 95% des voix lors d’un scrutin marqué par une très faible participation : 23% d’après les calculs des observateurs, même si les autorités ont annoncé un curieux taux moyen de 48%. Les deux adversaires du chef de l’État, l’islamiste modéré Abdelaali Hassani, 57 ans, et le socialiste Youcef Aouchiche, 41 ans, dénoncent une mascarade électorale et ont déposé mardi des recours auprès de la Cour constitutionnelle.
Mal élu en 2019, Abdelmadjid Tebboune espérait qu’une forte affluence dans les bureaux de vote lui donne une vraie légitimité. C’est raté… Alors que va-t-il faire de ce second mandat ? Pourquoi ce désintérêt croissant des Algériens pour les urnes ? La page du Hirak, le mouvement de révolte populaire, qui avait fait tomber en avril 2019 le président Bouteflika, est-elle définitivement tournée ? Pourquoi Abdelmadjid Tebboune qui avait qualifié le mouvement de béni, a-t-il entrepris ensuite de réprimer toute voix dissidente ? Quel rôle jouent en coulisse les militaires ? Fâchée avec la plupart de ses voisins, brouillée avec la France, où va l’Algérie ?
Avec :
- Kader Abderrahim, maître de conférence à Sciences-Po Paris, a publié Géopolitique de l’Algérie en 2020 aux éditions Bibliomonde
- Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste du Maghreb, auteur de Histoire de l’Algérie contemporaine, de la régence ottomane d’Alger au Hirak chez Nouveau monde édition (sortie en poche prévue ce mois de septembre)
- Brahim Oumansour, chercheur associé et directeur de l’Observatoire du Maghreb à l’Iris, auteur de Algérie, un rebond diplomatique paru en 2023 aux éditions Eyrolles
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